Monday, June 9, 2008

RLCT 2008

La fin de semaine n'allait pas être facile.
Peu de temps après le départ, une première crevaison au pneu arrière du vélo de Greg. Lui qui vient de mettre quelques centaines de dollars pour retaper son vélo! De nouvelles roues, des pneus neufs en kevlar s'il vous plaît et pas foutu de rouler 20 km sans faire un "flat"!
Je n'ai pas attendu qu'il finisse de changer le tube. Comme je ne suis pas aussi vite qu'eux (enfin, c'est ce que je pense), j'ai décidé de continuer pensant qu'ils me rejoindraient en peu de temps. J'ai trouvé un groupe qui roulait à une bonne vitesse pour moi et les ai suivi jusqu'au premier arrêt à environ 45 km du départ.
C'est là que Greg et Jamie m'ont rejointe. À partir d'ici, j'ai roulé avec eux jusqu'à la fin. J'ai pas pris les autres flats en photos. Et oui, il y en a eu deux autres. Jamie a calculé que Greg roulait environ une heure entre les flats. Allait-on se rendre au dîner? Avait-on assez de tubes pour changer aux heures? L'inspection de la roue et du pneu ne montrait rien de suspect. Étrange!
L'arrêt dîner bien mérité à Perth. Il est 11h00 et il commence à faire vraiment chaud!
C'est bon de se reposer! Greg est allé voir les mécanos. Son beau pneu de kevlar avait une perforation sur le côté. Le tube intérieur se trouvait compressé vers l'extérieur et finalement crevait. Donc, changement de pneu et de tube. On espère que ça tiendra cette fois.
Je bois, je bois et où est-ce que toute cette eau va?Il faut bien reprendre la route quand même. Allez hop! L'après-midi est très difficile pour Greg. Au début, Jamie et moi, on le suit. Je le trouve bien sage de rouler lentement. Je me dis qu'il doit rouler lentement pour nous ménager par cette chaleur. Puis, Jamie prend les devants et Greg ne suit pas. Qu'est-ce qui se passe? Je vais à côté de Greg et je le vois suer, forcer alors que je trouve ça facile d'être à côté de lui même que je pourrais très bien aller plus vite. Quelque chose cloche. Il dit qu'il est très fatigué. La première chose que je pense, il doit avoir un frein collé sur une roue. Effectivement, le frein arrière est collé sur sa roue. Il peut bien être fatigué, rouler sur les freins.
Ça améliore la situation. Il retrouve de la vitesse mais pas pour longtemps.
Les collines entre Perth et le prochain arrêt sont un calvaire pour Greg. Son pouls est de 20 pulsations plus élevé que le mien alors qu'habituellement, il est de 10 plus bas. Je peux facilement rouler devant lui et le perdre sans effort. Autre problème? Les freins sont OK pourtant. Si c'est pas un ennui avec le vélo, c'est donc un ennui avec le cycliste.
Par cette chaleur, il est peut-être déshydraté. Ben oui, pouls élevé, fatigue, c'est ça. Solution: boire beaucoup!
Bois Greg, bois! C'est donc difficile prendre soin d'un docteur! Il boit quelques gorgées seulement. J'essaie toutes sortes de tactiques jusqu'à lui tomber sur les nerfs pour le faire boire ses deux bouteilles complètes. Ça ne sert à rien de les ménager.

On passe devant une auto du RLCT. Ils n'ont plus d'eau. Il faut se rendre jusqu'au prochain arrêt, au dépanneur.

Enfin, on y arrive et là, Greg boit et boit et boit! Et on retrouve Jamie!

Ce dépanneur a fait fortune avec les cyclistes en fin de semaine.
Greg va mieux mais c'est encore un peu difficile. Jamie commence à souffrir de la déshydratation lui aussi. Il a mal au ventre et est fatigué.

Une petite baignade ne serait pas de refus. On fait comme plusieurs cyclistes. Hop! Dans l'eau tout habillé!

C'est magique! Le sourire revient instantannément aux lèvres.


On est ti assez heureux?
Que c'est bon! La vie est bellllle!
Ce que vous voyez là, c'est pas une queue, non. C'est mes enveloppes de gel sucré que j'ai accrochés à mon cuissard pour les avoir à portée de main quand l'énergie est à la baisse. Ça en a fait jaser plus d'un. Des cyclistes voulant bien faire me criaient au passage que j'étais en train de perdre mes gels. Pas de danger, ils étaient bien attachés avec des épingles à ressort.
Non, je n'ai pas vu de poissons ni de sangsues.
Greg et Jamie ont retrouvé leur énergie. C'est moi qui ai peiné à les suivre. Je les ai perdu dans une côte. Ça m'a pris 5 km à pédaler à fond la caisse pour les rejoindre. Greg, dit-il, me voyait dans son rétroviseur. Je crois qu'il était encore un peu affecté par la déshydratation, il voyait mon fantôme?

J'étais "un peu" fâchée. Je ne sais pas si j'ai fait peur à Jamie, il est parti tout seul en avant. Greg et moi, on a fini ensemble.

À l'arrivée, on a trouvé Jamie mal en point. Mal au ventre, un peu étourdi. Greg l'a fait coucher par terre. On lui a donné une boisson de récupération puis il s'est senti mieux.
Après une bonne douche, tout le monde se rejoint pour le festin. Les gens mangent comme c'est pas possible. Même les petites femmes, deux assiettes pleines en plus de la salade et du dessert. Pas rare de voir 3 morceaux de gâteau dans les assiettes.

La nourriture goûte tellement bon quand on a si faim après une bonne journée à se défoncer. Mon odomètre montre qu'on a dépensé environ 4000 calories. Ça vaut bien quelques gâteaux!
J'ai tellement mangé que j'ai la peau de l'estomac étiré. On va faire descendre tout ça avec quoi? Un peu d'exercice! Juste une petite marche le long du lac! Les deux frères en train de stratéger pour le lendemain. "S'il fait aussi chaud demain, on devrait partir tôt. Que dirais-tu de partir à 6h00? OK, on va se lever à 4h45, aller déjeuner à 5h15 et partir à 6h00." (traduction libre de l'anglais)
Remarquez les airs de famille! On se tient les mains sur les hanches, un peu pareil?
Une chambre de cycliste! Ha! S'allonger les jambes!
"Comment ça va Agnès?"
Ben voilà, on s'est levé presque aussi tôt qu'au marathon de ski de fond sauf qu'ici, il fait déjà clair! Je suis prête à partir mon chéri!
J'ai pas beaucoup de photos d'aujourd'hui puisqu'on fait le même circuit à l'envers. Ici, un petit arrêt forcé pour laisser passer le train. Il était tellement long que j'ai eu le temps de sortir mon appareil photo, ce qui n'est pas peu dire!
La journée a passé très vite. Pas de crevaison, pas de déshydratation (on apprend par l'expérience les gars?), le vent dans le dos, Greg en super forme! Il nous a tirés tout le long du parcours à une vitesse autour de 35 km/hre sur le plat. Il serait allé encore plus vite s'il avait eu accès à son grand plateau avant. Et oui, un autre ennui mécanique pour Greg. Je me demande bien s'il va changer son vélo bientôt! On est arrivé tous les trois ensemble. Une douche au centre sportif de l'université puis une bonne bière et un hamburger végé. Mmmm!
Bravo Jamie!
Bravo Greg et Bravo à moi!
On est vraiment pas pire pour des vieux de plus de 50 ans!

Monday, March 10, 2008


À Malaga, une exposition de Rodin dans la rue.

petite rue de Malaga

Thursday, April 19, 2007



2007-03-30 De Holguin à Gibara: 35 km

Température: beau soleil, vent de face.

Pas de moustique cette nuit mais réveil très tôt au chant des bébés qui pleurent et et au tam-tam des petits enfants qui courent dans la maison d'à côté ou du dessus, je ne sais pas. Les camions aussi se sont mis de la partie. On déjeune dans la cuisine même de la maison. Bol de salade fruits. Je n'ai jamais mangé une aussi bonne papaye, avec bananes et ananas. Puis, omelette, pain sec comme il se doit et gelée de goyave délicieuse, terminé par un café au lait. Proprio super gentil, il réserve pour nous à la casa "Vitral" à Gibara. On part dans la tohue de la ville. Rues étroites à sens unique où les vélos sont aussi importants que les autos sinon plus. On débouche sur une artère qui nous sortira de la ville. C'est comme une piste à obstacles entre vélos, camions, charrettes à cheval, autobus, piétons, auto, motos, bicitaxi, etc. On passe devant la seule fabrique d'orgues de Cuba. Il faut le savoir, devanture de rien du tout. Ils en font environ huit par année. Ils font aussi des guitares et autres instruments de musique.

Ouf! Sortis de la ville. Belle campagne valonneuse. Il me semble qu'on descend plus qu'on monte. C'est agréable. Je me sens plus à l'aise aujourd'hui sur mon vélo. Le vent de face fait contrepoids au soleil pour nous protéger de la cuisson. Belle photo d'une école rurale avec un cheval stationné en avant. C'est le prof ou un élève qui est venu à l'école à cheval?

Une longue descente serpentine nous emmène au bord de mer par où nous entrons à Gibara, petit port de mer qui a déjà été fameux. Une des plus vieilles villes des Amériques. Cristophe Colomb serait arrivé tout près d'ici. On devine très vite qu'elle a déjà été riche par son architecture coloniale. Elle dégage cependant un aura post-apocalyptique. De belles demeures délabrées, sans fenêtre, parfois sans toit. Des fontaines sèches à moitié mangées par le sel marin, des aménagements paysagers qui se devinent, laissés à l'abandon, un théâtre en plein air décrépi, etc.

On trouve facilement la casa Vitral. L'intérieur fait contraste avec l'extérieur. Bien entretenue, immense, meubles d'époque. On ne peut pas nous recevoir, la maîtresse de la maison est malade. On nous réfère à une autre maison. Le proprio vient nous chercher. Tourne à droite, à gauche, à droite, où sommes-nous? Ah! La mer est là au bout de la rue, bon point de repère. Ici comme ailleurs, on ne peut pas prédire ce que l'on trouvera à l'intérieur de la maison en se fiant à sa façade. C'est tout à fait vrai le dicton:"L'habit ne fait pas le moine!" en ce qui concerne les maisons de Cuba. Belle coloniale, haut plafond en bois laissé au naturel, murs blancs, richement meublée, jardin intérieur, dentelles.

Après une douche chaude dans une immense douche de céramique blanche, nous partons à la découverte de Gibara à pied. On prend le dîner aux crevettes au resto El Faro avec vue sur la mer. Plusieurs touristes venant d'un club tout compris de Guardalavaca sont venus manger ici. On dirait un groupe de prisonniers ou de malades en sortie spéciale. Ils sont tous identifiés par un bracelet de couleur, au cas où ils se perdent? Une sorte de troupeau guidé par des guardiens cubains. Ils sont bien sages et dociles. Ils retournent aux taxis sans rouspéter. Je me sens tellement libre à côté d'eux. Tout est une question de point de vue (j'ai déjà porté ces bracelets sans me sentir ni prisonnière ni malade pourtant).


Au bord de l'eau, deux garçons multiplient leurs prouesses dans un kayak, bien conscients du regard amusé?, intéressé?, admiratif? de trois jeunes filles.


Visite du petit Fort en restauration sur le bord de la mer. Petit pont levis. Charmant! Ensuite, les parcs de la ville et l'Église. Les arbres africains d'où pendent de gros fruits en forme de pénis. Quelle honte devant l'église! Puis, on monte au Mirador où se trouve la forteresse en ruine. Une petite bière au vent en admirant la ville, les moutons sur la mer, la bateaux épaves tout rouillés. Deux petites filles de 8 ans me demandent crayons et cahiers. Dommage, je n'en ai pas. Elles me rappellent Agnès et Alex au même âge. Mêmes rires et regards espiègles. Des chèvres en liberté sautent le parapet. Un homme se découpe des semelles de souliers en carton. Deux couples se promènent en buvant du rhum pur à la bouteille.

On redescend, visite de musées: histoire naturelle et arts décoratifs. Le premier est le leg d'un cubain qui a étudié aux États-Unis. Il était denturologiste et taxidermiste. Cherchez le rapport! Son leg: collection d'oiseaux empaillés, tortues, coquillages, poissons, papillons, minéraux, allouette! Le deuxième: ancienne demeure d'un riche commerçant espagnol. On y trouve de la porcelaine de Limoges, vase en cristal de Bohème, chandelier en Murano, meuble de toilette en marbre de Carrare, vaisselle d'Angleterre, de France, mobilier de style Médaillon, Roccocco, statues en porcelaine de Paris. Les plafonds immensément hauts, percés de trous tout autour pour laisser échapper la chaleur, portes dont le haut sclupté ne va pas jusqu'en haut pour permettre une bonne ventilation entre les pièces. Dans la cuisine: meuble réservoir d'eau , 5 ronds de poêle chauffés par des chaudières de charbon; un filtre à eau en grès, l'eau se filtrait et refroidissait en traversant la paroi poreuse, recueillie dans une jare de grès étanche. Il y avait même un jardin intérieur avec rigoles pour amasser les eaux de pluie. Quelques proprio se sont succédés puis l'État a confisqué la maison et en a fait un musée.

Ballade sur le malecon, muret qui protège des vagues de la mer. Deux statues se font de l'oeil près de la mer. Une femme entièrement nue nono identifiée et un homme, un soldat en uniforme, casque, pistolet, machette, carabine et cigare avec écrito le louangeant. Interprétations libres!

Retour à la casa. On a droit à un souper gastronomique préparé par un vrai chef cuisinier (2 ans de cours à Holguin, 6 ans de travail aux hôtels de Guardalavaca); espadon (aguaja), congri, salade, etc. dans une belle petite salle à manger (comedor). À la fin du repas, on pique une bonne jasette avec le cuisinier et les propriétaires, Roberto et Norkis. Je réussis à parler un peu et je comprends beaucoup. Greg commence aussi à comprendre. Leur garcon est médecin à la Havanne, leur fille est psychologue au Texas, lui a été professeur. Maintenant, il travaille avec sa femme pour l'église Adventice. Ainsi, ils ont pu voyager dans plusieurs pays, invités par l'église. On parle des avantages et inconvénients du système de Fidel. Ils y trouvent plus d'avantages que d'inconvénients même s'ils s'ennuient de leur fille. Elle ne peut venir les visiter qu'un fois aux 3 ans.
2007-03-29 De Guardalavaca à Hoguin: 60 km

Température: pas de pluie! Soleil et nuages.
Route: valonneuse avec quelques longues côtes.

On n'a pas bien dormi ni l'un ni l'autre. D'abord, j'ai décidé d'aller dormir dans l'autre lit. Chaque petit mouvement de Greg se répercutait sur moi par le matelas. Ensuite, les moustiques. Les maudits maringoins! Sont-ils nécessaires aux éco-systèmes? Non mais vraiment, c'est une peste! Toute la nuit, j'ai sommeillé entre leurs attaques vicieuses. Greg a diminué leur possibilité d'entrer dans notre forteresse en mettant une serviette au pied de la porte. Puis, il y avait une odeur que je ne saurais décrire. Pour trois fois le prix d'une casa particular... il faut bien être à Guardalavaca!

Petit déjeuner au restauant la Roca, belle vue sur la mer. Une peu tannés des huevos (oeufs), on prend des tostadas (toasts), marmaleda y queso (fromage), naranja (orange) y cafe con leche. Leur pain est toujours un peu sec et sans goût. Même le pain d'hier soir, on dirait du pain hot-dog cheap un peu sec. C'est pour dire! Par contre la marmelade de goyaves était succulente tout comme l'orange et le café.

Enfin, on quitte ce motel décevant mais je suis bien contente d'avoir goûté à la mer (au figuré et au sens propre). La route est belle, le pavé en meilleure condition que ce qu'on a connu jusqu'à maintenant. Ça roule plus vite. Beaucoup d'autobus de touristes dont certains autobus chinois, signe de leur présence ici, même si on ne voit pratiquement aucun visage asiatique. Moins de charettes à chevaux et encore moins de charettes à boeufs. Encore pas mal de vélos et de camions qui dégagent une fumée noire axphyxiante. Je prends en photo un autobus bien spécial, qui me fait un petit serrement au coeur: un autobus jaune de chez nous. Oui, oui, avec "Écoliers" écrit devant et derrière, bien en vue. C'est le deuxième qu'on voit.

L'environnement nous paraît moins pauvre que les derniers jours. Maisonnettes mieux entretenues, végétation plus luxuriante. Montagnes aux allures particulières en arrière-plan. Certaines ont l'air de champignons.

Près de Holguin, on s'arrête acheter bananes et oranges à un kiosque en bord de route. Mmm! C'est bon!

Arrivés à Holguin, on est accueillis par la statue de Che jalousement gardée par un soldat. Il se méfie de nous quand il me voit me rendre près de la statue. Je lui demande de l'oeil si on peut prendre une photo. Il fait signe que oui. Une fois partis, il vient inspecter l'endroit. Qu'aurions-nous pu y faire de mal?

On trouve notre chemin dans le dédale de sens uniques jusqu'à la casa particular qu'on avait choisie. La dame dit qu'il n'y a pas de place mais seulement après qu'on lui ait dit que c'était pour une nuit. Elle nous conduit à une autre casa. Garage pour nos vélos. Jolie chambre. Eau chaude pour la douche. Accès à un jardin intérieur. L'homme de la place, très gentil, parle quatre langues: espagnol, français, anglais et allemand. Il se dit poète et nous récite sur le champ un poème qu'il a composé en français. Les trois amis: l'amour, la vie et la lumière. J'en ai des frissons. On apprend plus tard qu'il est aussi ingénieur électronique, diplôme jauni au mur: 1982. Il n'a jamais travaillé dans sa branche: $15.00 par mois. C'est plus payant d'aider ses parents à tenir la casa particular. Quand il apprend que Greg est médecin, il lui demande de prendre la pression de sa mère. On se rend donc à l'arrière de la maison où elle est couchée. Prothèses aux hanches. Pression 160 sur 100, pouls à 60. Médicaments qu'on n'utilise plus chez nous. Sachant que je suis psychiatre, il parle de l'anxiété de sa mère. Devinez quoi? On l'a fait se lever et marcher. C'est bon pour la pression, pour ses jambes et pour l'anxiété, non? Il nous remercie avec un bon café cubano. La dame nous parle de ses deux garçons et de ses petits-enfants. Je réussis à la comprendre et lui parler un peu. Je traduis pour Greg.

Sortie en ville. On fait la découverte des parcs mais pas avant de prendre deux bières et sandwichs au pain sec avec fromage genre Kraft (20 minutes d'attente pour faire un sandwich?) sur une terrasse d'où on regarde les passants. Deux ivrognes nous repèrent facilement et mendient. Ils n'insistent pas. La population ici comme à la Havanne est une vraie macédoine de divers phénotypes: noirs, latino, européens. Il ne manquent que les asiatiques. Ils sont fiers de leur apparence, coquets, bien mis. C'est autre chose pour les édifices. De si beaux édifices aux allures espagnoles en décrépitude. C'est triste à voir. Fenêtres manquantes, la pluie y entrant, combien de temps avant qu'ils ne tombent en ruine.

On découvre des magasins, quelques restaurants et plusieurs musées. Aucun effort n'est mis pour attirer l'oeil. C'est froid, très ordinaire, presque caché. Rien pour attirer les touristes. On n'en a vu que deux d'ailleurs. Quelques téléphones cellulaires, beaucoup de téléphones publics. Il n'y a d'esthétiques qu'eux-mêmes et peut-être l'intérieur des maisons, bien caché aux yeux des passants.

On mange dans un resto recommandé par nos livres: Dimar. Les crevettes sont bonnes, c'est vrai mais il n'y a aucune ambiance. Les gens entrent surtout y acheter de petits flacons de rhum, peu de bouffe. Et la toilette? Pas de siège, le tour mouillé d'urine et pas de papier de toilette. Faudra trouver un autre resto la prochaine fois. On continue notre tour des parcs. Toujours la même impression d'une petite ville qui a déjà été élégante et qui est maintenant à l'abandon.

Retour à la casa. J'écris en me berçant dans le jardin intérieur au son de la musique locale et américaine, en buvant rhum et Pina Colada.

Quel bonheur!

Wednesday, April 18, 2007

2007-03-28 De Banes à Guardalavaca: 37 km

Température: encore des averses mais moins.

Petit déjeuner dans notre petite cuisine privée. Départ ensoleillé sur une route encore mouillée. Très beaux paysages aujourd'hui ce qui veut dire aussi de bonnes côtes à monter et à descendre. C'est encore moi qui ai un petit problème. Mes freins sont mous, je dois m'arrêter en descendant en allant dans l'herbe sur le côté. Ça fait peur! Je descends à pied. Puis, comme mes feins semblent corrects dans les côtes suivantes, j'essaie à nouveau dans une côte très pentue. Ce n'est pas une bonne idée. Je réussis à arrêter mais quelle peur! Il n'y avait pas de bord remontant sur le côté. Je descends encore à pied. Décidément, lorsque la pente est aiguë, mes freins n'y arrivent pas. Il faudra arranger ça.

J'ai manqué quelques belles photos à cause de la pluie. De gros cochons noirs mangeant sur le côté de la route. Une famille de cochons dont un petit veut traverser la route tout seul. Les cochons se fichent complètement des vélos. Ils ne sont pas peureux comme les chèvres. J'ai aussi vu un beau petit cochon tout rose dans un potager.

Devant plusieurs maisons, une éloge aux prisonniers cubains coincés aux États-Unis, genre de petit cimetière avec un écriteau disant: "Volveran!" Ils reviendront.

On arrive à Guardalavaca vers 12h00. Comme Greg a de la difficulté à prononcer ce nom, il mélange les syllabes, je lui propose un moyen mémotechnique. Guarda veut dire garde et vaca veut dire vache. Donc, on s'est rendu à Garde la vache.

Curieusement, voir les gros complexes hôteliers me fait du bien, me calme, me rassure. C'est comme aller au McDo à l'autre bout du monde, on se sent tout à coup chez soi. On s'arrête sur le bord du chemin pour regarder dans nos livres une suggestion de logement. Il n'y a pas de casa particular à Guardalavaca. Deux canadiens anglophones bien dodus s'arrêtent nous parler. Ils ne peuvent pas nous aider, ils ne connaissent que les gros hôtels. Parler en anglais me paraît tellement familier.

Enfin, on se rend à Villa Cabanas, le parent pauvre du complexe mais bien situé, près de la plage, des restaurants et pas cher. On a un certain plaisir à trouver des endroits pas chers comme si on avait encore 20 ans et qu'on voyageait sans le sous. Ce n'est pas de l'avarice. C'est qu'on ne veut pas vieillir.

Bel après-midi à la plage, l'eau est chaude. Pas de poisson à voir, seulement un gros canadien bien rouge homard aux fesses blanches. Il vient de décider de mettre son costume de bain coupe-crotte. C'est comme ça que les français appellent les G-strings. Nommés de cette façon, je n'ai plus envie d'en porter.

On achète bière et rhum qu'on déguste tranquillement devant notre motel. C'est la farniente. Et, on arrange mes freins. Puis, on mange du poisson dans un restaurant au bord de la mer.

La journée se termine devant la TV. On se fait l'oreille à l'espagnol avec fond de vent dehors. Tout un vent!

Adam nous a enfin écrit un message: "Oui!" à la question s'il allait bien. Merci Adam pour ton beau message élaboré.








Tuesday, April 17, 2007

2007-03-27 De Mayari à Banes: 58 km

Température: plusieurs averses chaudes.
Déjeuner avec nos camarades espagnols. Ils parlent Valenciana entre eux, dialecte qui ressemble plus au français que le Catalan. Eux iront à une plage aujourd'hui puis à une montagne demain pour ensuite retourner à Santiago et faire la boucle sud-est. Ils nous invitent mais on décide de partir seuls. Étonnant, n'est-ce pas? Ils nous racontent leurs aventures de voyage. Une nuit cachés au campismo fermé, une nuit sous la tente à la plage avec les maringouins, une nuit dans un dortoir étudiant infesté de coquerelles et de merde. Yark! On va à Banes!
Les places oèu les étrangers peuvent dormir à Cuba sont rares et les gens ne sont pas libres de nous inviter chez eux. S'ils se font prendre, ils doivent payer une amende qui correspond à un an de salaire. Imaginez ça chez nous!... Et quand je pense à tous les motels, hôtels et BB dans tous les villages chez nous, qui peuvent accueillir tout le monde. C'est comme les magasins. On ne les voit pas. Oèu achètent-ils leur linge? Les maisons ne semblent pas très propres, comment font-ils pour être si propres sur eux-mêmes? Comment vivent-ils? Oèu achètent-ils leur bouffe? On ne voit pas de marché. On aperçoit de petites pharmacies, barbiers, écoles, centres de santé. C'est tout.
On revient sur nos pas sur 16 km puis on prend une route de campagne (comme s'il y avait autre chose que des routes de campagne!) très peu achalandée. On passe des plantations de cannes à sucre et de bananes. Je fais très attention quand on rencontre des chèvres maintenant. Les chiens sont bien plus intelligents. Ils nous regardent et semblent comprendre que ce serait dangereux de venir devant le vélo mais les chèvres ont un regard vide, bête. Elles n'y comprennent rien. Elle sont juste jolies.

Pas de grosses côtes. C'est doucement vallonneux mais encore le vent de face. On roule parfois à 12 km/hre sur le plat.

Sur le bord de la route, des manguiers. J'en cueille 4, très dures. Elles mûriront dans mon sac.

En arrivant à Banes, un homme à vélo accoste Greg pour l'emmener à une casa particular. Je lui dis: "No necessitamos une casa. Ya, tenemos una." Il nous dit que oui, c'est la sienne. Je répète, il répète, puis dit: "Vos espera!" OK, là, j'ai compris. Il est venu nous chercher. L'homme de la casa oèu nous étions la nuit dernière a réservé pour nous chez Ilma à Banes. Donc, on le suit. C'est une belle grosse maison coloniale du temps d'avant la révolution. Colonnades et plafonds immensément hauts. Les portes de notre chambre donnent sur une véranda spacieuse, ombragée de vignes fleuries. Après une bonne douche chaude, on va se promener en ville. On mange dans un vrai resto. Crevettes grillées et salade, dos cervezas. Une petite fille en costume d'école entre, se fait embrasser pas un homme qui semble être son père et par l'autre, son grand-père. Elle ressort avec une barre de chocolat. D'autres jeunes viennent acheter des helados (crème glacée). Quatre touristes entrent avec un guide. Ils semblent parler allemand. J'en parle parce que les touristes, à date, sont rares.

Puis, nous allons visiter el museo indio-cubano. On y voit des poteries, des outils et objets religieux ayant appartenu aux indigènes qui se sont fait complètement raser par les envahisseurs. On trouve à Banes une centaine de sites archéologiques. Le guide nous amène ensuite à une boutique-souvenir (j'achète un petit bol) et à une exposition d'oeuvres faites avec des choses de la mer. Amusant, sans plus! Sur la place Marti, l'église oèu Fidel s'est marié et un alcoolique qui nous suit en se montrant la bedaine pour mendier. On continue notre promenade dans la ville. Plein de gens sur les trottoirs, très bien mis, reviennent du travail. Autre parc, autres mendiants et le même que tantôt. Nous a-t-il suivis?

Retour à la casa. Manon nous a envoyé un autre message: gouvernement libéral minoritaire. Charest est rentré, ADQ forme l'opposition. Et ben!



On mange seuls dans notre cuisinette avec service privé: pescado, arroz congri, chicharita de platana y vino de uba (genre de Porto fait à Cuba).

Que ferons-nous demain? Guardalavaca? Probablement. Greg me rappelle deux anecdotes que j'allais oublier. Hier, un vieux, très vieux monsieur nous a salués en disant: "Victoria!" Il a du participer à la révolution celui-là. Et ce matin, en sortant de Mayari, pendant une pause sur le haut de la bute, un autre beau vieux monsieur sort d'on ne sait oèu, nous interpelle, nous dit qu'il connaît des poètes québécois. Il connaît Léo Ferré et il se met à nous chanter une de ses chansons traduite en espagnol avec coeur et passion. Quel beau début de journée!